Une basilique " incorporante "
A Longpont, les moines de Cluny nous ont laissé le plan d’une église en forme de croix. L’abside est la tête. Le chœur est le cœur d’où découle la vie du Christ, là où se trouvent l’autel et la table eucharistique. L’espace de la sacristie et la chapelle du reliquaire sont les bras. A l‘extrémité du bras gauche, l’orgue, désormais en place, nous figure bien la main du Christ embellissant le monde de ses mille harmonies. De l’autre côté, à la main droite correspondent les innombrables saints présents dans le reliquaire. Ils ont été (et sont encore) en ce monde les mains charitables du corps du Christ. La nef correspond aux jambes. Près de la grand porte sont les pieds du Christ… comme prêts à sortir annoncer la Bonne Nouvelle.
Nous savons bien que l’architecture est l’art majeur qui conditionne largement les façons de vivre et d’être au monde. Ainsi donc, chaque fois que quelqu’un pénètre dans cette « maison d’Eglise » qu’est la basilique, il est comme intégré à ce « corps du Christ » figuré dans la pierre. Le visiteur va circuler, prier, rencontrer, célébrer, parler, écouter, dans le corps du Christ. Ceci n’est, bien sûr, pas magique et nécessite l’adhésion de chacun mais disons qu’à Longpont les conditions sont très favorables pour amplifier notre conscience d’appartenir à ce corps du Christ.
Marie préside à cet enfantement. Tout comme elle a porté, tissé, mis au monde et livré le corps physique du Christ, elle engendre chacun de nous à son identité de baptisé, membre du corps du Christ. Elle nous engendre aussi « collectivement » en tant que Peuple de Dieu. Marie est notre mère parce que nous sommes ensemble ce corps du Christ. Marie nous fait devenir corps du Christ. Elle est la mère de chacun et de toute l’Eglise.
A Longpont, la Vierge de l’abside, redit notre vocation. La jolie statue de Notre Dame de Bonne Garde - qu’elle soit illuminée ou bien cachée dans l’ombre du contre-jour - nous redit très tendrement qui nous sommes : fils et filles de Dieu dans le Fils unique du Père.
Notre dévotion à Marie n’est donc pas une affaire de piété sentimentale. Il est toutefois si bon de lui dire merci de tous les élans de nos cœurs d’enfants.
Père Frédéric Gatineau,
ancien recteur de la basilique de Longpont