Le Golgotha de la Ville-du-Bois
Le calvaire de l’église de la Ville-du-Bois est bien émouvant. Il faut le chercher un peu pour le trouver. Il est là, accroché sur le mur du bas-côté gauche, précisément dans la travée formée par la base du clocher. Il y a la croix du Christ entourée par Marie et saint Jean. Il doit s’agir des vestiges d’une de ces poutres de gloire qu’on plaçait jadis entre le chœur et la nef. On trouve une poutre de ce type encore en place à l’église de Marcoussis mais elle a hélas perdu les deux statues de part et d’autre de la croix.
Le calvaire de la Ville-du-Bois est habituellement daté comme une œuvre du XVIIIe siècle mais il est difficile de savoir si notre groupe sculpté est dans l’église depuis longtemps. Il n’apparaît pas à l’inventaire de l’église Saint-Fiacre dressé en 1792 et on sait que le mobilier des églises a connu un grand bouleversement pendant et immédiatement après la Révolution.
Au pied de la croix de Jésus, certains s’étonnent de reconnaître la représentation d’un crâne, peu engageant. C’est l’évocation du nom du lieu de la crucifixion de Jésus : le Golgotha, mot qui signifie le lieu du crâne en araméen. Une certaine tradition considère que cette colline avait été le lieu de la sépulture d’Adam ! Le sens spirituel de cette assertion reste intéressant. Le sang précieux du Christ redonne vie à l’humanité (Adam devant être considéré ici comme un collectif), son amour fait vivre.
Marie et l’apôtre saint Jean, debout près de la croix, assistent à ce don de vie. À portée de nos yeux et de nos mains, le petit chef-d'œuvre de la Ville-du-Bois nous transforme en témoins du crucifié qui nous a aimés jusqu’à en mourir.
Père Frédéric Gatineau
Pâques 2012